mardi 25 mars 2014

Articles divers - Questions/Réponses

hibou ecrit Cette petite Emma est autiste mais a une voix merveilleuse

Articles divers - Questions/Réponses


La Foire aux Questions


Après avoir reçu de nombreux mails suite à leur lecture du livre sur le linceul de Turin ou après avoir parcouru nos sites web, beaucoup d'internautes posaient des questions pertinentes et dont les réponses apportaient des précisions intéressantes sur le linceul. Si vous le souhaitez, vous pouvez poser vos questions soit sur le forum soit en envoyant un mail.

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- Question : 
L'échantillon de 1988 n'est pas représentatif du linceul ? Une nouvelle datation est donc nécessaire ?
Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que le mélange coton et lin ajouté est médiéval ? Et serait-ce le taux de vaniline que Rogers à trouvé qui vous donne cette datation approximative ?

- Réponse de Thibault Heimburger :
Si l'on admet (selon Rogers) donc que l'ensemble représenté par l'échantillon Raes et C14 est une unique zone "anormale", la datation au C14 lui donne une date médiévale. C'est ce qui me permet de l'affirmer. Mais, puisque ses propriétés sont radicalement différentes de celles connues du reste du linceul (coton, vanilline, teinture) on en déduit que la datation est invalide parce que l'échantillon daté est non représentatif de l'objet (le linceul) à dater. Ni plus, ni moins. A aucun moment je ne dis que l'on peut conclure avec certitude que le linceul est antique. Cependant, l'absence de lignine/vanilline sur le linceul et sa présence sur Raes/C14 est un argument fort mais non définitif d'un âge beaucoup plus ancien pour le linceul. Mais, ce n'est pas une méthode de datation validée. Beaucoup de paramètres peuvent théoriquement expliquer la discordance concernant la vanilline entre le linceul et Raes/C14. Néanmoins, après réflexion je ne vois que 2 explications possibles: celle de Rogers (le linceul est beaucoup plus ancien que ce qui a été daté au C14), ou à défaut la méthode de blanchiment utilisée lors de la fabrication du tissu (éliminant la lignine/vanilline) est différente. On pourrait imaginer que le linceul a été vigoureusement blanchi (comme au Moyen-âge) d'où l'absence de vanilline (dérivée de la lignine)  et que, pour certaines raisons, la zone C14/raes a été blanchie moins rigoureusement également au moyen-âge. Cela me semble bien sûr peu probable et j'ai tendance à croire Rogers et sa "datation" très approximative du linceul. L'important est que dans tous les cas, l'échantillon daté est non représentatif du linceul. A soi seul cela justifie une nouvelle datation. 


- Question : Hypothèse du Docteur Zugibe
Dans votre livre, vous faite référence à l’hypothèse du docteur Zugibe concernant le lavement du corps de l’homme du linceul avant son dépôt dans celui-ci.  J’avais déjà lu cette hypothèse et j’avais bien du mal à y croire (surtout en raison des coulées de sang qu’on voit sur le linceul).  Par contre, après lecture de votre résumé, je crois que c’est possible qu’un lavement superficiel du corps de Jésus ait été fait rapidement avant sa mise au tombeau.  Pour être certain de bien comprendre l’hypothèse de Zugibe concernant ce lavement du corps, j’aimerais que vous confirmiez l’idée que je m’en fais. Mon impression est que ceux qui ont préparé le corps de l’homme du linceul n’ont lavé que le sang qui était séché (et donc qui avait coulé du vivant de celui-ci) et ils n’ont pas lavé le sang qui n’avait pas complètement coagulé (qui était donc encore frais) lors de sa mort.  Est-ce que j’ai bien compris et résumé l’hypothèse de Zugibe ?  De plus, j’aimerais bien avoir votre avis personnel sur la question car, dans le chapitre 5 de votre étude sur les évangiles, vous semblez affirmer comme un fait établi que le corps n’a pas été lavé à cause du sang impur qui s’y trouvait.  Dans ce cas, comment expliquer qu’on voit très bien les traces des coups de fouet de même que la totalité du visage sur le linceul alors que, normalement, ces parties du corps devraient être cachées, au moins en partie, par du sang séché venant de la flagellation et de la couronne d’épine ?  À moins que la flagellation et le couronnement d’épine n’aient pas produit autant de sang que le Dr Zugube le pense sur le corps ?  Ce serait l’explication la plus logique selon moi, si on prétend qu’il n’y a pas eu de lavement.

- Réponse de Thibault Heimburger :
Concernant le Dr Zugibe, il part d'une observation très simple au sujet des marques de flagellation: une flagellation telle qu'on la voit sur le linceul donne des écoulements de sang énormes qui devraient recouvrir la quasi totalité du tronc au moins; or on sait qu'il n'y a pas d'image sous le sang. On ne devrait presque rien voir de l'homme du linceul et ce sang séché ne pouvait pas avoir marqué le linceul. En revanche si ces marques faites de sang séché ont été rapidement lavées avant l'inhumation, elles vont se mettre à suinter lentement sur le linceul. Vous dites: " De plus, ce qui est le plus extraordinaire, c’est le fait que la totalité des traces de sang sont bien défini et à aucun endroit on voit des tâches au bords grossier ou mal définis qui ressembleraient à des éclaboussures". Je ne suis pas d'accord, autant les coulures de sang (avant-bras, visage, plaie du côté) ont des limites nettes, autant les marques de flagellation sont relativement mal limitées (photos à votre disposition).
En résumé, seul le sang séché de la flagellation aurait été lavé, parce que produit du vivant de l'homme du suaire, alors que le reste s'est écoulé après la mort (mains et avant-bras, pieds: lors du retrait des clous; plaie au côté) et était à la fois frais (capable d'imbiber le linceul) et non lavé car impur (émis post-mortem). Pour le visage et la couronne (bonnet) d'épines les choses sont plus complexes.
Vous parlez de la quantité de sang. En fait la quantité de sang visible sur le linceul est très faible (quelques décilitres tout au plus). la crucifixion en elle-même entrainaît probablement un écoulement de sang (mains, pieds) minime compte-tenu de la compression par les clous, de l'hypotension et de la déshydratation et, pour les membres supérieurs, de leur position en hauteur, comme me l'a un jour expliqué Zugibe. C'est lors du retrait des clous que le sang se serait écoulé vers le bas (rigidité cadavérique très rapide après la mort), en quantité limitée. Même si dans le détail, tout n'est pas parfaitement clair, j'ai tendance à croire ce que dit Zugibe, car c'est la seule façon d'expliquer les marques de flagellation, celle-ci étant survenue de nombreuses heures avant le contact avec le linceul. Sans lavage (même bref) on ne pourrait pas les expliquer. Lavoie a montré que du sang ne peut marquer le linceul que dans les 2 heures, soit bien moins que l'intervalle de temps entre la flagellation et la mise au tombeau.

- Réponse de Sébastien Cataldo :
Lorsque je fais l'analyse des évangiles, je le fais à partir des travaux de Raymond E. Brown qui était exégèse et qui selon lui, il n'y a pas pu avoir de lavement. Donc cela vient en contradiction avec l'hypothèse de Zugibe. Je n'ai pas "d'avis" car je ne suis pas un spécialiste. Je dirais juste que si le sang est bien celui d'un crucifié du premier siècle alors il y a dû avoir lavement sinon le sang ne serait pas aussi visible. Donc l'hypothèse de Zugibe est pour moi la plus probable.


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- Question : Poussière retrouvée sur les genoux
J’ai aussi lu dans votre livre (page 175) que des chercheurs avaient trouvé de la poussière au niveau des pieds et de la terre au niveau du genou gauche et du nez.  Ma question est donc celle-ci :  Comment concilier l’hypothèse de Zugibe d’un lavement du corps avec ces découvertes ?  Je disais plus haut qu’après réflexion, son hypothèse était possible selon moi mais cette découverte de poussière et de terre font que j’ai encore de sérieux doute.  De plus, l’ensevelissement devait se faire très vite car le sabbat commençait, ce qui milite aussi en faveur d’un non lavement du corps faute de temps…

- Réponse de Thibault Heimburger :
Le fait de trouver des traces (en fait minimes voire infimes, visibles seulement au microscope et par spectroscopie) de poussières (en fait du calcaire de type aragonite) au niveau des pieds, des genous et du nez, n'invalide pas l'hypothèse d'un lavement rapide du tronc et des zones de flagellation.


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- Question : Le suaire d'Oviedo
Concernant la relique du sudarium d’Oviedo, vous mentionnez dans votre livre (note 94, page 167) que sa datation au Carbone 14 avait donné une date remontant au VI ou VIIe siècle.  J’avais déjà lu ça aussi.  Par contre, ce que je n’ai jamais lu et j’espère que vous pourrez m’éclairer sur ce point, c’est de savoir si la procédure de datation du sudarium a été mieux fait que dans le cas du linceul.  En fait, j’aimerais savoir si, pour cette datation, les scientifiques ont prélevé plusieurs échantillons à divers endroits de la relique pour avoir une bonne représentativité de celle-ci ?   Votre livre m’a éclairé sur le fait que la procédure concernant la datation du linceul n’avait pas été faite d’une manière correcte (prise d’un échantillon à un seul endroit de la relique) et je me demande si une telle erreur a pu être en cause aussi pour le sudarium, ce qui pourrait expliquer cette datation du VI ou VIIe siècle…

- Réponse de TH et SC :
Concernant le Sudarium d'Oviedo, nous n'avons pas d'info particulière sur la procédure de la datation. De façon générale, notre attention est focalisée sur le linceul.


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- Question : Les taches de sang
Dans votre excellent résumé des caractéristiques uniques du linceul, j’aurais aimé que vous ajoutiez la qualité incroyable des traces de sang !  Personnellement, je crois qu’il est très difficile (impossible ?) d’arriver à reproduire fidèlement ces traces car elles sont vraiment définies de manière quasi parfaite.  Par exemple, j’ai vu, dans une étude du Dr Zugibe (je crois qu’il s’agit de son étude sur le lavement du corps), des photos de tests de transfert de sang sur un tissu et ça ne m’a pas du tout convaincu.  Les tâches de sang obtenu lors de ce test sont beaucoup moins nettes et précises que celles du linceul et je pense que cette caractéristique unique au linceul (tâches de sang excessivement bien défini sur un tissu de lin) aurait mérité d’être souligné fortement dans votre livre.  De plus, ce qui est le plus extraordinaire, c’est le fait que la totalité des traces de sang sont bien défini et à aucun endroit on voit des tâches au bords grossier ou mal définis qui ressembleraient à des éclaboussures.  D’ailleurs, je crois que la quasi-impossibilité de reproduire fidèlement de telles tâches est un point majeur qui invalide à lui seul toutes les tentatives de reproduction du linceul qui ont été faite jusqu’ici et ce fait montre clairement qu’il ne s’agit pas d’une fraude (sauf si un faussaire avait réalisé une vraie crucifixion à la romaine mais cette idée est, pour moi, farfelue et n’expliquerait toujours pas la qualité des traces sanguines). J’aimerais donc avoir votre opinion sur la qualité exceptionnelle des tâches de sang qu’on trouve sur le linceul…

- Réponse de SC :
Vous avez raison, les tâches de sang sont souvent négligées lors d'une tentative de reproduction de l'image alors qu'elles font parties intégrantes du linceul et de la formation de l'image même si elles sont de nature différente de l'image. Mais comme à chaque fois, ceux qui tentent de reproduire l'image pensent que cette dernière est faite "de main d'homme" alors pour eux le "sang" est de même nature donc il ne peut s'agir du sang d'un homme, donc ce n'est pas anatomiquement parfait. La meilleur preuve qu'il s'agit de sang issu d'un homme est la tache de sang vers le coude droit qui "part" vers l'extérieur. Elle n'a aucun intérêt artistique ni aucune raison logique si elle avait été produite par la main de l'homme (si elle est issu d'un bas relief par exemple). Donc pour moi les traces de sang sont aussi importante si on veut reproduire l'image du linceul.


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- Question : 
La putréfaction du corps
Dans votre livre, vous mentionnez divers temps maximums au-delà duquel le corps n’a pas pu rester dans le linceul sinon il y aurait eu des traces de putréfaction avancée.  Vous écrivez « environ 30 à 40 heures » à la page 140, « 30 heures » à la page 238 et « 48 heures » à la page 249.  J’aimerais beaucoup avoir une précision de votre part sur ces chiffres qui sont chaque fois légèrement différents.  Est-ce que vous pouvez me dire un temps maximum précis et scientifiquement accepté par les experts ?

- Réponse de TH: C'est très variable en fonction de la température, l'humidité etc..sur laquelle nous ne savons rien. 30 heures à 48 heures est une fourchette large

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- Question : Le Mandylion et le linceul de Turin
Vous faite référence au fait que le linceul de Turin pourrait bien être le Mandylion conservé à Édesse puis à Constantinople.  J’ai souvent lu cette hypothèse et je crois qu’il serait logique qu’il en soit ainsi mais je me demandais si des études sérieuses avaient été faites pour comparer les traits des visages qu’on retrouve sur des reproductions encore existantes de ce Mandylion et les traits du visage qu’on retrouve sur le linceul de Turin ?  Dans votre livre, vous n’en faite pas mention.  Je crois que cette hypothèse du « Mandylion qui est en fait le linceul de Turin » s’en trouverait renforcie considérablement si une étude d’expert montrait des concordances évidentes entre les 2 images.  J’aimerais donc savoir si de telles études ont été faites par le passé.  Sinon, est-ce que vous pensez qu’une étude de ce genre serait possible et souhaitable ?

- Réponse de SC :
Il n'y a pas à ma connaissance d'étude précises entre le linceul et le Mandylion au niveau des traits du visage. la seule étude que je connaisse est celle de Paul Vignon qui compare les traits du Christ Pantocrator à ceux du linceul. Mais même si une étude particulière serait faite entre les traits du Mandylion et ceux du linceul cela ne prouverait pas que le linceul est antérieur au Mandylion.

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- Question : Des halos de sérum
Dans votre livre, il est fait souvent mention d’un halo de sérum qu’on peut voir autour des tâches de sang uniquement avec la lumière UV.  J’aimerais avoir des précisions sur ce sérum.  Est-ce que sa présence indique de manière évidente qu’il s’agit de sang post-mortem ou est-ce qu’un tel sérum serait aussi présent autour de tâches de sang qui se seraient produites du vivant de l’homme du linceul ?  En lisant votre livre, j’ai eu l’impression que ce sérum n’indique pas s’il s’agit de sang post-mortem ou non car vous dites qu’on en a retrouvé des traces même autour des blessures causées par la flagellation.  Par contre, j’ai récemment lu sur le site web « www.shroud.com » un « expert » (M. Soons) mentionnant que ce type de sérum autour des tâches de sang indiquait un sang post-mortem !  Par ailleurs, si un léger écoulement sanguin survient après le lavement du corps (comme le Dr Zugibe le prétend), les traces de sérum autour des tâches sanguines pourraient alors indiquer effectivement qu’il s’agit bien de sang post-mortem (même pour les marques de flagellation) et valider un peu plus son hypothèse disant que le corps fut lavé avant sa mise au tombeau.  J’aimerais donc avoir votre avis sur la question.

- Réponse de TH:
La présence d'un halo de sérum traduit la rétraction du sang pour former un caillot par le processus de la coagulation. Si vous vous coupez (sang pre-mortem, évidemment smile et que vous appliquez une compresse sur la blessure avant que le caillot ne soit complètement sec, ce processus se poursuit sur la compresse et vous aurez un fin halo de sérum autour de la tache de sang sur la compresse une fois le sang complètement sec. Les mécanismes de la coagulation sont certainement encore actifs pendant quelques heures au moins après la mort. Si le sang séché sur le cadavre est doucement éliminé par lavage vous ouvrez à nouveau les blessures de la flagellation et le liquide sanglant qui suinte (sang post-mortem) est de nouveau soumis à la coagulation. En d'autres termes la différenciation sang pré et post-mortem ne me semble pas pertinente quant au phénomène de coagulation et au halo de sérum. Je ne comprends pas très bien ce que veut dire Petrus Soons qui d'ailleurs n'est absolument pas expert en la matière.

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- Question : La couture sur le côté du linceul
J’aurais aussi besoin d’éclaircissement concernant la fameuse couture presque invisible, située le long du repli reliant le corps du linceul et la bande latérale.  À la page 73 de votre livre, vous mentionnez que, selon Mme Flury-Lemberg, cette couture est identique à celles que l’on trouve dans des restes de tissus retrouvés dans la forteresse de Masada en Israël et datant du 1er siècle.  J’avais aussi vu un reportage télé qui disait que Mme Flury-Lemberg n’avait jamais vu une couture de ce genre sur un autre tissu ancien.  Cette découverte tend à démontrer que le linceul de Turin date effectivement du 1er siècle.  Par contre, à au moins deux endroits dans votre livre (dont au no.2 de la page 258), j’ai lu que cette couture serait apparue à une date inconnue et aurait peut-être servi à créer un repli pour faciliter la prise en main pour les ostensions.  Ne trouvez-vous pas que votre hypothèse se trouve en contradiction avec la découverte de Mme Flury-Lemberg, car pour elle, cette couture fait partie intégrante du linceul d’origine et daterait du 1er siècle (avec une origine israélienne) ?  Si cette couture a été faite pour les ostensions, elle serait donc plus récente que le linceul lui-même.  Pourtant, ce n’est pas ce que semble nous démontrer la découverte de Mme Flury-Lemberg…
J’ai aussi lu sur le site web 
www.suaire-turin.com que M. John Jackson a émis l’hypothèse que la bande latérale aurait servit pour attacher le corps au linceul et qu’elle aurait été cousue ensuite, ce qui ferait dater le linceul aussi du 1er siècle. J’aimerais avoir votre avis à ce sujet.  Peut-être ai-je mal compris vos propos !

- Réponse de TH:
Question très pertinente et au combien difficile qui a agité et agite encore le petit monde du saint-suaire. Ce qui est certain c'est que la bande latérale fait bel et bien partie du même tissu que le linceul comme tous les experts le disent. L'analyse aux rayons X de 1978 montre en outre que les bandes sombres et claires (de densité différente) se poursuivent identiquement de part et d'autre de la frontière entre la partie principale du linceul et la bande latérale. Mieux encore en de nombreux endroits on peut suivre les fils qui passent d'une partie à l'autre sans interruption évidente. C'est à partir de cette observation que certains ont pensé que le tissu n'avait pas été coupé, que la bande latérale et le linceul forment une seule pièce et que la "couture" est en fait simplement un repli du tissu maintenu dans sa forme par 2 fils que l'on  voit bien. Il est logique, dans cette hypothèse de penser que ce repli a été fait à un moment du passé pour faciliter la prise en main lors des ostensions. Or, je sais maintenant que ceci est faux. Aussi étonnant que cela paraisse, les 2 parties sont bel et bien séparées par une coupure tout le long. C'est pourquoi Gilbert Raes a obtenu 2 parties distinctes en coupant simplement les fils qui les maintenaient ensemble. Dans son livre "101 questions sur le Saint-Suaire", Bollone, directeur du Centro (l'organisme officiel) l'écrit clairement (p.15): "Lors du contrôle effectué le 22 janvier 1999, il a été possible d'affirmer avec certitude qu'il s'agit au contraire d'une couture qui assemble deux parties différentes". C'est manifestement aussi ce que pense Flury-Lemberg. Même si l'on ne sait pas très bien pourquoi, le linceul a été coupé puis recousu aussitôt ou rapidement (sinon la correspondance des fils et des bandes ne serait pas parfaite) pour une raison encore mal comprise (pour que la largeur corresponde à une certaine dimension?). C'est la jointure entre les deux parties qui correspond à ce qui a été observé à Massada. En conclusion, la jointure a certainement le même âge que le linceul et dans ce cadre la découverte de Flury-Lemberg est évidemment capitale.

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- Question : Enrichissement du carbone par l'incendie de 1532
Dans un excellent article sur les 20 ans du test du carbone 14 sur le linceul, le site web www.suaire-turin.com mentionne l’hypothèse de John Jackson du couplage de l’absorption naturelle de C14 et de l’effet thermique de l’incendie de Chambéry pour expliquer les dates du moyen-âge données par les 3 laboratoires.  Cette hypothèse était en cours d’étude au laboratoire C14 d’Oxford quand l’article a été écrit (en 2008).  L’article mentionne que l’hypothèse repose sur une absorption plus grande qu’on pourrait imaginer du C14 présent dans le monoxyde de carbone.  En fait, selon lui, le CO de l’atmosphère pourrait, dans certaines conditions élevées de température, être davantage absorbé par les textiles (réduction de la cellulose).  Je trouve cette avenue intéressante et je me demandais pourquoi, dans votre livre, vous n’en faite pas mention ?  J’aimerais aussi avoir votre avis personnel sur cette hypothèse.

- Réponse de TH: je connais cette hypothèse mais nous n'avaons pas assez de "matériel" (et encore moins de résultats) pour en parler.

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- Question : Le patch médiéval
Toujours dans cet article du test du carbone 14, on cite Mme Fleury-Lemberg qui réfute l’hypothèse de Ray Rogers et Benford-Marino à propos du « french reweaving » avec du coton.  Elle dit : « Il n’y a pas de doute que le linceul ne contient aucun retissage.  Le tissu est constellé d’irrégularités qui sont le résultat des erreurs faites durant le processus de tissage, et qui seraient anormales dans un retissage ».  Je trouve cet avis plein de bon sens et vous en faite mention aux pages 103-104 de votre livre.  Ma question est :  comment expliquer la présence significative de coton (fait démontré scientifiquement) dans cette partie du linceul s’il n’y a pas eu de retissage comme le prétend Mme Fleury-Lemberg ?  En tous cas, une chose semble certaine pour moi :  Cette partie est différente du reste du linceul et, partant de ce fait, une nouvelle datation au C14 me semble requise pour, au moins, y voir plus clair…
En parlant de cette hypothèse de retissage, j’aimerais savoir si des experts textiles comme Mme Fleury-Lemberg reconnaissent le fait que cette technique particulière existait au moyen-âge (autrement dit, est-ce un fait scientifiquement reconnu que cette technique a bel et bien existé) et est-ce que des exemples de retissage de ce genre existes dans le monde sur des tissus datant de cette époque ?  Si oui, est-ce que la technique semble concorder avec les constatations de M. Rogers (entre autre, est-ce que la réparation a utilisé le même genre de coton, le même genre de gomme pour coller les bouts de fil et le même genre de teinture) ?
 

- Réponse de TH:
Nous ne connaissons pas les limites de la zone anormale incluant l'échantillon Raes (partie 1) et très probablement tout ou partie de la zone datée au C14. Elle ne fait probablement pas plus de quelques cms de large et je ne comprends pas dans ces conditions ce que FL veut dire à propos des irrérgularités dans ce contexte. Les experts textiles n'ont remarqué aucune anomalie visible dans cette zone, c'est un fait. D'un autre côté, on a de multiples évidences convergentes pour affirmer qu'il ne s'agit pas du même matériel. Comment celà se fait-il reste une énigme. Le french reweaving (qui existait sans aucun doute) est un bon candidat mais pour les tapisseries où les 'réparations" peuvent être invisibles sur les 2 faces. C'est beaucoup plus difficile à imaginer pour un tissu fin comme le linceul. Je me demande quant à moi (mais sans aucune preuve ni compétence) si les réparations n'ont pas plutôt été faites simplement par épissures puisqu'on est sûr qu'au moins un des fils Raes en est une. J'ai l'impression que cela pourrait tenir la route et rendre la réparation réellement invisible. Mais est-ce que celà existe et est simplement envisageable en pratique?

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- Question : Le faux suaire de Luigi Garlaschelli
Une dernière question plus personnelle maintenant concernant votre commentaire à propos de la prétention du prof. Luigi Garlaschelli d’avoir créé un faux linceul.  J’ai lu votre commentaire en anglais sur le site de Barrie Schwortz et je l’ai trouvé vraiment honnête.  Bravo !  J’aimerais savoir, selon vous, quelle est la caractéristique principale que M. Garlaschelli n’a pas été en mesure de reproduire fidèlement ?  Étant donné que votre commentaire était en anglais, j’ai eu du mal à le saisir en entier mais il m’a semblé que la principale pierre d’achoppement était l’absence de demi-tons aux endroits où il n’y a pas eu de contacts directs comme les doigts et la face, ce qui donnait une fausse impression de 3D alors que le linceul possède de véritables caractéristiques de 3D.  Ai-je bien compris vos propos ?

- Réponse de TH: Pour l'essentiel oui.

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- Questions :
Concernant l’analyse de Rogers, je veux quand même, par honnêteté intellectuelle, me faire l’avocat du diable pour un instant !  Il a comparé des fils de Raes et des fils du centre de l’échantillon C14 avec des échantillons pris par lui ailleurs sur le linceul en 1978 mais uniquement en surface du linceul.  Je m’interroge quant à la possibilité réelle et scientifiquement acceptable de comparer ces échantillons de surface et les fils de Raes-C14.  Étant uniquement en surface du linceul, est-ce que ces échantillons Rogers pourraient faire en sorte de détecter du matériel intrusif comme le coton, la gomme ou la teinture trouvé sur Raes 1 ?  Loin de moi l'idée de dire que c'est comme comparer des pommes avec des oranges mais est-ce qu'on pourrait dire que c'est comme comparer des pommes rouges avec des pommes vertes ?  Peut-être que ce matériel est-il présent dans d’autres parties du linceul mais plus en profondeur et que, de fait, il n’a pas pu être trouvé par Rogers lors de ces analyses ?

- Réponse de TH:
Encore une excellente question parfaitement légitime qui n'a pas manqué d'échapper aux "sceptiques". Je pense néanmoins que l'on peut comparer légitimement les échantillons de surface du STURP avec les fils Raes/C14. Concernant le coton, je détaille ce prioblème dans mon article. En résumé, si j'appliquais (expérience de pensée parfaitement recevable en science, cf.Einstein) un ruban adhésif sur "mon" fil Raes 7 (et certainement aussi sur Raes 1 et Raes 14 suivant les analyses du Los alamos National Laboratory) comme en 1978, j'obtiendrais de l'ordre de 15-20 % de fibres de coton (le % approximatif que j'observe dans la partie externe de raes 7). Or il n'y pas de coton (ou de rares fibres modernes) sur les échantillons du STURP. Concernant la vanilline/lignine (absence sur les échantillons de surface du STURP, présence dans les fibres Raes/C14), le remarque des sceptiques tient la route à première vue. Le magazine français "Science et Vie" avait critiqué à l'époque l'article de Rogers en disant qu'il comparait "l'écume de la mer" avec la mer elle-même. Jolie formule. En réalité, Rogers (dont c'était la spécialité, comme thermo chimiste) fournit la formule permettant de connaître le taux de décroissance de la vanilline en fonction du temps et de la température. Si l'on ne tient pas compte de l'incendie de 1532, il n'y a aucune raison pour que la vanilline restant soit différente en surface et en profondeur. Si l'on tient compte de l'incendie de 1532 (qui effectivement peut faire disparaître la vanilline en quelques minutes pour des températures élevées), comment expliquer la présence de vanilline sur le seul échantillon Raes/C14 et sur aucun des échantillons de surface quelle que soit sa position sur le linceul qui était plié en de multiples couches lors de l'incendie? Il semble donc bien que la seule explication plausible concernat la vanilline soit dans la différence d'âge (se comptant en siècles) entre l'échantillon Raes/C14 et le reste du linceul. Enfin concernat la teinture, celle-ci se concentre au contraire en surface des fils Raes/C14, comme on peut l'imaginer pour une teinture appliquée après le "retissage/réparation". Si elle était présente ailleurs elle serait facilement détectée sur les échantillons STURP de surface. Ce n'est pas le cas.    


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- Questions :
Est-ce qu’une réparation par épissures comporterait automatiquement l’emploi d’une gomme, de teinture et de coton comme le matériel trouvé sur Raes 1 ?

- Réponse de TH:
-Il ne faut pas confondre une hypothèse (réparation par épissure ou tout autre mode de réparation) avec des observations (teinture avec gomme, fils mélangés coton/lin) qui sont des faits. Il n'y a rien d'automatique mais simplement des arguments convergents. La teinture (dont la gomme fait partie) qui est là (fait) aurait été appliquée (hypothèse logique) pour masquer la réparation.

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- Questions :
J’ai lu dans l’article sur les 20 ans du test de C14 (www.suaire-turin.com) qu’il faudrait 1/3 à 2/3 de matériel nouveau médiéval pour fausser autant les résultats du test de C14 si on admet que le linceul date du 1er siècle.  Est-ce que vous pouvez confirmer ce fait et si c’est le cas, pensez-vous vraiment qu’il y aurait autant de nouveau matériel dans la zone Raes-C14 ?

Réponse de TH:
- Ces proportions résultent des calculs d'un expert à la demande de Benford et Marino. Je ne suis pas expert en la matière. A priori, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas y avoir 2/3 de matériau "moderne" (15 ou 16ème siècle) dans cette zone.

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- Question :
- Selon vos propres conclusions dans votre article scientifique, vous avez trouvé environ 15 % de fibres de coton.  Si on prend pour acquis que cet estimé est représentatif de reste de la zone Raes-C14, est-ce que ce serait suffisant pour fausser les données du C14 de 13 siècles ?

- Réponse de TH:
- Le matériel "moderne" (15 ou 16ème siècle) n'est pas le coton seul mais des fils mélangés lin (moderne)/coton(moderne).


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- Question :
- À partir des images UV du STURP, il doit être assez facile pour quelqu’un comme vous ou pour un expert comme Barrie Schwotz d’identifier exactement la zone globale où il y a un changement (sûrement que ça déjà été fait !).  Ce serait bon de vérifier ça et, partant de là, on saurait s’il reste encore des parties de cette zone différente sur l’actuel linceul.  S’il reste une zone « louche », ce pourrait être une avenue future de recherche intéressante pour les experts (chimistes, experts textiles ou autres) pour qu’ils puissent éventuellement (si le Vatican ouvre ses portes !) analyser le linceul à cet endroit précis et voir s’il y a effectivement des traces de réparation pour ainsi confirmer ou infirmer les conclusions de Rogers.  Pouvez-vous m’éclairer sur cet aspect ?  Qu’elle est votre opinion ?

- Réponse de TH:
- Je vous renvoie à l'excellent article de Benford et Marino à ce sujet, présenté à Columbus (article paru dans une revue scientifique)

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