mardi 25 mars 2014

Dernières nouvelles - 2005/03/05 In memoriam Ray Rogers



Dernières nouvelles - 2005/03/05 In memoriam Ray Rogers


Thibault Heimburger - Dernières nouvelles

08/03/2005 :  IN MEMORIAM RAY ROGERS


Ray Rogers, chimiste retraité des laboratoires de Los Alamos, directeur des études chimiques du STURP en 1978 sur le linceul et, comme tel un des meilleurs connaisseurs de celui-ci, est décédé ce 8 mars 2005 des suites d'une longue maladie, quelques semaines après la parution de son article capital invalidant la datation au carbone 14.
Pour l'auteur de ce site, comme pour beaucoup de chercheurs du suaire, il restera un modèle de rigueur scientifique et de pédagogie.
Ses principales découvertes non contestées sont d'une importance majeure pour l'avancée dans la compréhension du mystère du linceul :
- La nature chimique de l'image
- La non-validité de l'échantillon utilisé en 1988 pour la datation radiocarbone.
Personnellement, alors qu'il ne savait rien de moi, il a eu la gentillesse de répondre très amicalement par 3 fois à des courriels que je lui avais adressés, dont le dernier quelques jours avant sa mort. 
21/01/2005 : LA DATATION PAR LE CARBONE 14 DONNANT UN AGE MEDIEVAL AU SUAIRE EST SCIENTIFIQUEMENT ET DEFINITIVEMENT INVALIDEE.


INTRODUCTION :

Prévenu par la liste de diffusion du site de référence mondiale www.shroud.com de cette nouvelle, alors que j'écrivais la dernière page du site, j'ai choisi de ne pas réécrire les pages en rapport avec le carbone 14 mais d'y rajouter des références à celle-ci.
D'autant que beaucoup d'informations contenues dans ce nouvel article confirment et étendent, en leur donnant un caractère scientifiquement solide (passant par le filtre d'une revue scientifique de haute tenue avec validation préalable par des experts) des données déjà connues.

Qu'apporte de nouveau cet article ?

- La confirmation que l'échantillon Raes, adjacent à l'échantillon radiocarbone n'est pas représentatif du suaire
- que tout indique qu'il s'agit d'un patch médiéval que l'on peut dater approximativement
- que toutes ces données sont valables aussi, comme on le soupçonnait, pour l'échantillon radiocarbone lui-même
- que l'étude de la cinétique de la décroissance dans le temps de la vanilline du lin permet de donner un âge au suaire lui-même, compris entre 1300 et 3000 ans (en fonction des conditions de conservation du linceul).

SOURCES :

- "Studies on the radiocarbon sample from the shroud of Turin" Raymond N.Rogers- Thermochimica Acta - Vol.425, Issues 1-2, 20 January 2005, Pages 189-194.
A ce jour le texte complet en anglais est gratuitement disponible en suivant le lien ci-dessus. Il est probable qu'il sera prochainement payant.
Ce dernier article d'expert confirme les découvertes de Rogers sur l'échantillon Raes. Cette expertise indépendante a été demandée par Rogers lui-même.

ABSTRACT :

Compte tenu de son importance, je présente ci-dessous l'abstract ou résumé in extenso :

" En 1988, les laboratoires de datation au radiocarbone de l'Arizona, de Cambridge et Zurich ont déterminé l'âge d'un échantillon du suaire de Turin. Ils conclurent que la date de fabrication du tissu était comprise entre 1260 et 1390 avec un intervalle de confiance de 95%. Cela fut une surprise au vu de la technologie utilisée pour fabriquer la pièce, de sa composition chimique et de l'absence de vanilline dans la lignine. Les résultats posèrent question quant à la validité de l'échantillon.
Des estimations préalables de la constante de cinétique de décroissance de la vanilline de la lignine indiquent un âge beaucoup plus ancien pour le linceul que les analyses radiocarbone. La zone de l'échantillon radiocarbone est, de façon unique, recouverte d'une couche de gomme végétale jaune-brun contenant de la teinture. Les résultats de l'étude de l'aire de l'échantillon par spectrométrie de masse par pyrolyse couplés avec les observations microscopique et microchimiques prouvent que l'échantillon radiocarbone ne fait pas partie du tissu originel du suaire de Turin.
En conséquence la datation radiocarbone n'était pas valide pour déterminer l'age réel du suaire".
 LES DONNEES :
- Dans l'introduction, Rogers rappelle la façon dont on a procédé en 1988 pour choisir et prélever l'échantillon pour la datation radiocarbone.
Il note qu'aucune analyse chimique préalable n'a été faite pour le caractériser.

- Dans le paragraphe suivant il détaille l'origine des échantillons qui lui ont permis d'arriver à sa conclusion actuelle :

a) 14 segments de fils de l'échantillon Raes, adjacent à l'échantillon radiocarbone, obtenus du professeur Luigi Gonella le 14 octobre 1979, photographiés et archivés. Certains ont été utilisés et détruits pour des tests chimiques entre 79 et 82 mais la plupart ont été conservés.

b) 32 échantillons de surface prélevés au cours de l'étude du STURP en 78 provenant de toutes les aires du suaire avec un adhésif spécialement conçu, non contaminant.

c) En 1978 encore, des échantillons du tissu de Hollande utilisé pour réparer et renforcer le linceul à la suite de l'incendie de 1532. Ce lin historiquement daté permet des comparaisons.

d) Le 12 décembre 2003, Rogers reçoit du professeur Luigi Gonella des fils prélevés en 1988 au centre de l'échantillon radiocarbone, avant que celui-ci ne soit donné aux laboratoires de datation.

- Le paragraphe suivant détaille les méthodes alternatives pour une estimation de l'âge du lin:

a) la structure cristalline des fibres fonctionne comme un dosimètre : les radiations de toute sorte laissent des traces. Sans connaître les conditions de stockage du suaire il n'est pas possible de l'utiliser pour le dater. Cependant tout indique que le lin a absorbé tout type de radiations pendant un temps très long.

b) La vanilline permet une approche beaucoup plus intéressante :

Produit de dégradation naturelle de la lignine présente aux noeuds de croissance du lin, son taux diminue avec le temps. Un test très sensible permet de le mesurer (Phloroglucinol-Acide chlorhydrique).
Le test est négatif sur le suaire (comme sur les rouleaux de la mer morte), clairement positif sur l'échantillon Raes, sur le tissu de Hollande et d'autres lins médiévaux.

Stanley T.Kosiewicz de Los Alamos vieillit artificiellement par chauffage à différentes températures des échantillons de lin pendant 2 ans. Il a pu ainsi déterminer une constante,  fonction de la température, qui peut être utilisée dans la loi d'Arrhenius (loi donnant, pour toute réaction chimique, la variation à chaque instant de la quantité de réactif, ici la vanilline, en fonction de différents paramètres).

Pour perdre 95% de sa vanilline qui devient alors indétectable (comme sur le linceul), le lin met 1319 années s'il est conservé à 25°, 1845 ans à 23° et 3095 ans à 20°.
La chaleur diminue le taux de vanilline; cependant l'incendie de 1532, en raison des propriétés peu conductrices du lin n'a pas pu modifier ce taux de façon notable (plusieurs indices détaillés dans l'article corroborent cette affirmation).

c) Rogers détaille ensuite très longuement la découverte de la couche de teinture recouvrant les fils de l'échantillon Raes et de l'échantillon radiocarbone.
Les tests chimiques sont détaillés et très approfondis.
Il en est de même des spectres obtenus par spectrométrie de masse par pyrolyse à partir de fibres  recueillies en 1981 en de nombreux endroits du suaire.
A cette époque, il s'agissait d'établir l'absence ou la présence de peinture sur le suaire.
Rogers a donc pu reprendre dans le détail les spectres obtenus et comparer ceux de la future zone du prélèvement radiocarbone avec le reste du linceul.
La différence est nette et démontre la présence de pentoses sur les seuls échantillons Raes et radiocarbone et nulle part ailleurs. Ces formes de sucre caractérisent la gomme végétale recouvrant cette seule zone, très probablement la gomme arabique (voir ici pour des détails sur cette couche).
Ce type de teinture n'apparut en Europe que dans les années 1290.

CONCLUSION :

" Le fait que la vanilline est indétectable dans la lignine des fibres du suaire, le lin des rouleaux de la mer morte, et d'autres lins très vieux, indique que le suaire est vieux.
Une détermination de la cinétique de la disparition de la vanilline suggère que le suaire est vieux de 1300 à 3000 ans. Même en acceptant des erreurs dans les mesures et les hypothèses de conditions de stockage, il est très improbable que le suaire ne soit vieux que de 840 ans. (...)
Les preuves combinées provenant de la cinétique chimique (de la vanilline, NDT), de la chimie analytique, du contenu en coton, et de la spectroscopie de masse par pyrolyse prouvent que le matériel issu de la zone radiocarbone du suaire est significativement différent du linceul.
Par conséquent l'échantillon radiocarbone ne faisait pas partie du tissu original et est non valide pour déterminer l'age du suaire". (Ray Rogers).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire