mardi 25 mars 2014

Dernières nouvelles - 2005/04/14 - Shadow theory

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Dernières nouvelles - 2005/04/14 - Shadow theory



14/04/2005 : LA "SHADOW THEORY" OU THEORIE DE L'OMBRE PORTEE  
Depuis quelques semaines, une nouvelle théorie fait les gros titres des médias, en particulier américains, selon lesquels la démonstration du faux médiéval serait enfin apportée, parce que l'on saurait enfin comment l'image aurait été produite.
Tout est parti de ce site, qui est quotidiennement visité par des milliers d'internautes du monde entier.
L'auteur de cette théorie est N.D Wilson, un professeur de littérature de collège, sans formation scientifique comme il le reconnaît, aidé à un moment donné par le Dr.Scott Minnich, professeur de microbiologie.
Wilson, intrigué par la propriété de "négatif photographique" de l'image du suaire et l'échec des tentatives successives d'explication dont aucune, à ce jour, ne peut expliquer la totalité des propriétés de cette image, élabora un nouveau "paradigme" ou cadre conceptuel : l'image ne proviendrait pas d'une modification du support dans la zone image, mais au contraire d'une absence de modification alors que le reste du tissu serait modifié.

Hypothèse : Un homme du Moyen-Age aurait pu produire l’image du suaire avec ses propriétés de négativité et tridimensionnalité sur le lin avec uniquement une vitre et de la peinture blanche.
Expérimentation : succinctement, on peint un visage ressemblant à celui de l'homme du suaire sur une vitre avec une peinture blanche, en positif. On la place au dessus du tissu et on laisse l'ensemble au soleil pendant plusieurs jours.
Le soleil, dans sa course, éclaire le tissu sous différents angles au cours de la journée et jour après jour. Les rayons du soleil blanchissent le lin sauf les parties situées immédiatement sous la peinture.
Résultats : une image, en négatif (ce qui est logique) se développe progressivement.
Les négatifs photographiques de cette image ressemblent beaucoup à ceux du suaire.
Une analyse des photos à l'aide de logiciels adaptés permet de mettre en évidence un effet tridimensionnel proche de celui du linceul de Turin.
Discussion :
Il est indéniable, au vu des photos, que l'image obtenue ressemble à celle du suaire et que, sous réserve d'analyses plus approfondies à venir, l'auteur a peut-être réussi à reproduire deux des propriétés optiques les plus importantes et étonnantes du suaire : la négativité et la tridimensionnalité. On peut y rajouter l'absence de contour.
L'autre point positif est l'absence, concordante avec les recherches antérieures, de toute peinture ou pigment à l'origine de l'image dans son modèle.
Le mystère est-il pour autant levé?
De nombreuses critiques et questions peuvent être (et ont déjà été) émises :
            - quelle était la disponibilité au Moyen-Age d’une glace de la dimension requise ? : la question n’est pas tranchée.
            - l’extrême difficulté à peindre sur la glace le corps entier, de façon anatomiquement exacte avec tous les détails a déjà été abordée ici.
Wilson le reconnaît d'ailleurs implicitement puisque son scénario est celui d'une crucifixion réelle effectuée par des templiers pour servir de modèle à la peinture sur la vitre (!).
            - Il semble bien que pour peindre son modèle sur la glace, Beauchamp (le peintre amateur de Wilson) ait utilisé le négatif de la photo du suaire (ce qui n’a évidemment pas de sens au Moyen-Âge) et que, comme négativité et tri-dimensionnalité sont liées, il est moins étonnant que le résultat possède une certaine tri-dimensionnalité (  pour une analyse de la tridimensionnalité de l'image de Wilson, voir ce document).

Plus importantes sont les questions sur la nature physico-chimique de l'image : est-elle compatible avec le mécanisme proposé ?
Notons d'emblée que Wilson reconnaît n'avoir fait aucune étude de son image dans ce domaine. Il pense pouvoir le faire au cours de l'été 2005 (attendons...).
Plus étonnant est le fait qu'il ne propose aucune macrophotographie, pourtant facile à faire, qui pourrait permettre une première comparaison avec celles du suaire...

Rappelons ici les faits démontrés sur le suaire de Turin :
le tissu est recouvert, probablement inégalement sur toute sa surface, d’une couche d’impuretés collée sur toute la circonférence des fibres les plus superficielles des fils de surface. L’épaisseur de cette couche varierait suivant les lots de fils en raison du mode de fabrication. En certains endroits (la zone image), cette couche est colorée en raison d’une déshydration-oxydation des constituants de la couche. Pour des raisons encore mal connues certaines fibres de la zone image sont colorées et d’autres non (discontinuité). En dehors de la coloration de cette "nanocouche" superficielle, RIEN ne distingue les fibres colorées des fibres non colorées de la zone image ou non-image.
Selon la théorie proposée, le lin est sombre au départ, non blanchi, (on ne sait rien sur sa préparation ou son mode de fabrication), puis blanchi au soleil. Les zones sombres de l'image sont celles qui ont été protégées du blanchiment par la peinture sur la glace.
On ne connaît pas bien le mécanisme de ce blanchiment par le soleil (action sur la lignine ?)

Des objections évidentes viennent immédiatement à l’esprit :
- les radiations solaires, comme toute radiation, induisent des changements dans la structure cristalline des fibres de lin. Comme l’a démontré Rogers (voir ici), aucune différence de ce type n’est détectable entre les fibres image colorées et non-image. Selon la théorie proposée les fibres blanchies devraient montrer des modifications de bi-réfringence traduisant le passage les rayons solaires, ce qui n’est pas le cas sur le suaire.
- Mais surtout le simple bon sens nous montre qu’il est impossible, avec la méthode de Wilson, d’obtenir ce que l’on observe sur le suaire : en dessous des rares fibres de surface colorées, toutes les fibres sont quasi-incolores, exactement identiques à toutes les autres fibres.
Puisque, dans l’hypothèse de Wilson, ces fibres quasi-incolores le sont parce qu’elles seraient blanchies par le soleil, il est tout simplement impossible, quel que soit l’angle des rayons solaires, de blanchir un fil en laissant non blanchies les 2 ou 3 fibres de surface de ce fil .
En d’autre terme, la méthode de Wilson doit logiquement entraîner le non blanchiment (cad la coloration) des fibres sur une certaine profondeur : l’image ne peut alors pas être superficielle comme sur le suaire.
- la discontinuité semble aussi incompatible avec sa méthode : pourquoi, dans une petite zone de l’image des fibres seraient décolorées (blanchies) alors que les fibres voisines ne le seraient pas ?
- enfin la question des taches de sang reste une pierre d’achoppement pour cette théorie comme pour toute les autres théories niant que le suaire est enveloppé un vrai corps de crucifié.

- Actuellement des chercheurs essaient de se procurer des échantillons de tissu utilisés par Wilson, avec quelques difficultés semble t’il … Les recherches, si elles sont possibles, devraient s’orienter d’une part sur les propriétés physico-chimiques des images de Wilson, d’autre part sur l’analyse serrée des propriétés de tridimensionnalité et négativité, qui, en première approche, semblent contestables.

En conclusion : cette nième tentative d’explication de l’image du suaire, superficiellement séduisante, ne résiste pas à la simple analyse comparative entre les propriétés du suaire et celles que l’on peut logiquement attendre de la méthode de Wilson. Si Wilson finit par adopter un comportement scientifiquement éthique pour mettre à disposition des chercheurs son matériel et ses protocoles, il sera possible d’arriver à une certitude. Le veut-il vraiment ?

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